Au cours de ma maîtrise, lors de mes recherches, mon superviseur David Voegtlin m’a donné un ensemble de pièges aspirateurs de taille moyenne qu’il avait développés et construits pour la capture de pucerons. Tandis que je triais des centaines de pucerons, la diversité d’autres insectes dans les pièges me fascinait et je me suis promis d’y regarder de plus près un jour. Une des premières choses que j’ai faites à mon arrivée à l’Université de Montréal a été de construire mon propre ensemble de « pièges Voegtlin » et de les installer le long d’un transect de 150 m dans la forêt de la Station de Biologie des Laurentides de l’Université. Nous avons échantillonné plusieurs semaines d’été avec ces pièges aspirateurs et des petits pièges Malaise installés côte à côte pour comparer l’efficacité de ces deux méthodes de piégeage.
Au cours des années suivantes, une petite armée d’étudiants de premier cycle ont trié les insectes d’une semaine de prélèvements. L’un d’entre eux, Alexis Trépanier, a passé deux trimestres complets à classer les Hyménoptères dans des « unités taxonomiques opérationnelles », finissant avec juste en dessous de 200 UTOs! Titouan Eon-Le Guern, étudiante de premier cycle et trieuse de diptères, Vincent Lessard, étudiant de deuxième cycle et analyste quantitatif, Thomas Théry, étudiant de troisième cycle, et moi-même venons de publier les résultats de ce projet dans la revue Insect Conservation and Diversity.
En plus de décrire en détail le piège aspirateur Voegtlin, nous avons constaté que ces pièges étaient excellents pour capturer les insectes minuscules, en particulier les petites guêpes parasitoïdes, aussi connues sous le nom de Microhymenoptera, et la famille diversifiée des Phoridae (Diptères). Non seulement ces pièges sont-ils intéressants pour la découverte d’espèces, mais nous avons également constaté que l’ensemble des insectes capturés était différent pour chaque piège du transect, même si les pièges n’étaient séparés que de 50 m. Cela suggère qu’il existe une assez grande hétérogénéité dans les communautés d’insectes dans la forêt laurentienne.
Cet été, nous avons placé trois paires de pièges dans des répliques d’habitat similaires. Nous espérons savoir si l’hétérogénéité de cette communauté d’insectes est plus ou moins aléatoire dans toute la forêt ou si elle est compartimentée, peut-être en fonction de la végétation environnante. Avec un peu de chance, il y aura un poste de suivi dans quelques années!