Le paradigme dominant est que la distribution de la plantes hôte détermine celle de l’insecte herbivore. Cependant, on sait que le climat affecte la distribution d’autres organismes, y compris les plantes, alors pourquoi pas aussi les insectes qui s’en nourrissent? Un groupe de collègues a cherché à répondre à cette même question. Nous avons modélisé géographiquement les variables climatiques et les distributions des plantes hôtes et des pucerons pour mesurer leur chevauchement et dans quelle mesure l’un peut affecter l’autre. Par exemple, ce sont peut-être les conditions climatiques qui empêchent le puceron d’être co-localisé avec son hôte à des endroits particuliers. À notre ensemble de données nord-américaines, nous avons ajouté les localités de collecte de pucerons de Cinara provenant de collègues français et chinois, et nous avons utilisé des données publiques sur le climat et la distribution des conifères.
Dans notre article paru dans la revue Ecologie and Evolution, nous avons montré que les distributions de la plupart des espèces de Cinara chevauchent complètement celles de leurs hôtes. Dans ces cas, nous ne pouvions pas dire que le climat joue un rôle directement contraignant sur les distributions des espèces de pucerons, mais seulement dans la mesure où il affecte celles des plantes hôtes. Cependant, près d’un tiers des espèces de Cinara étaient présentes dans une partie réduite de l’aire de répartition de leurs hôtes. Ce résultat suggère que la répartition géographique des pucerons est limitée à la fois par l’hôte et les facteurs climatiques, et non par l’hôte seul.